Docteur EXERCICE

LL'humain a évolué en se déplaçant dans son environnement pour survivre. Notre cerveau s’est développé à travers ces expériences qui mettaient le corps en action. Le corps humain est fait pour le mouvement : la moitié de sa masse est constituée de muscles. Pourtant, l’homme moderne dans sa sédentarité est en train de laisser mourir l’effort de milliers d’années d’évolution. Il n’y a pas si longtemps, l’effort physique constituait encore une question de survie. En travaillant dans les champs, nos ancêtres impliquaient leur corps dans un effort soutenu quotidiennement. Aujourd’hui, l’activité physique est davantage perçue comme un loisir que l’on pratique quand le temps nous le permet. Les besoins du corps n’ont cependant pas changé pour autant. Les bienfaits de l’activité physique sont pourtant d’indéniables partenaires du bonheur.

Lorsque les muscles du corps sont engagés dans un effort soutenu, ils entraînent avec eux tous les autres systèmes du corps. Pendant l’effort, le cerveau traitera d’abord l’information comme une situation de survie associée à la fuite. Les pulsations du cœur s’accélèrent, la pression sanguine augmente et les alvéoles pulmonaires se dilatent. Ce stress créé par l’effort est cependant contrebalancé par une hormone associée à la bonne humeur nommée endorphine. À la fin de l’activité physique, cette hormone continue d’être sécrétée et de circuler dans le corps pendant des heures. C’est ce qu’on appelle la drogue des sportifs. Une fois que le corps est conditionné à cette hormone euphorisante, il en redemande toujours : instinctivement, il sait reconnaître une situation qui lui est bénéfique. Mais comme les progrès de la médecine ne semblent n’avoir aucune limite, l’humain moderne s’est peu à peu persuadé que les miracles de la science lui permettaient tous les excès. Nous nous sommes subtilement abandonnés à ce mythe de la pilule magique en nous dégageant de nos responsabilités envers nous-mêmes. Ainsi, nous avons tendance à tenir pour acquise notre santé, perdant progressivement le goût de l’effort physique à mesure que nos priorités changent dans notre vie. Les bienfaits liés à la pratique régulière de l’activité physique sont pourtant indéniables, et jamais la médecine moderne ne pourra s’y substituer. Nous sommes responsables de notre propre santé. Mais comme il est facile d’oublier dans le tourbillon du quotidien, nous devons souvent nous acculer au pied du mur avant de changer nos habitudes de vie. Pour vous motiver à passer à l’action, voici une idée de quelques conséquences positives de la pratique régulière d’activités physiques sur le corps :

Sur ce dernier point, ajoutons que la posture est étroitement liée au développement de la musculature. Plus les muscles sont forts, plus facilement ils maintiendront le squelette en place et moins la gravité aura d’effet sur le squelette et les organes qui s’affaissent habituellement avec l’âge. La capacité du corps à se tenir droit est un signe de vitalité certain. Lorsqu’ils sont bien alignés, les os, les muscles et les ligaments fonctionnent harmonieusement, avec un effort minimal. Un désalignement même minime des pieds, des genoux ou de la colonne vertébrale demande des efforts constants au corps pour rétablir un équilibre. Cela crée des tensions sur des parties du corps qui n’ont pas été conçues pour supporter ce poids supplémentaire. De ce fait, il n’est pas rare d’observer qu’un problème de posture dans les pieds peut entraîner un autre aux genoux, qui peut à son tour créer des tensions dans le bas du dos, jusque dans le cou et la tête. Ce stress vécu tous les jours de façon répétée peut ainsi causer de la nausée, des maux de tête ou de la fatigue excessive. En plus de ces problèmes d’alignement ajoutez au tableau un corps assis sur une chaise tous les jours pendant huit heures, courbé sur l’écran d’un ordinateur, qui se lève enfin pour aller se rasseoir dans sa voiture, puis se relève péniblement pour aller, oh ! récompense sublime, se vautrer sur le divan… Un corps qui a perdu le goût de l’effort est un corps qui meurt à petit feu…

Pourtant, cette pause culturelle de l’effort physique nous aura peut-être été salutaire après tout. Cela nous aura permis de prendre conscience de l’importance de garder notre corps en mouvement. Nous avons l’immense privilège de pouvoir bouger sans en faire une question de survie. Nous n’avons plus à travailler physiquement pour nous nourrir. Utilisons ce temps pour réapprendre à bouger pour le plaisir; pour réapprendre à socialiser dans des contextes plus stimulants que le travail; pour réapprendre à jouer comme des enfants. Lorsque nous bougeons, nous envoyons ce message à tout notre organisme : je suis en vie, je suis utile ! Nos cellules se réveillent, et plus rien ne nous semble impossible.

Et, qui sait, pourrons-nous préserver cette joie de vivre qui nous anime encore parfois lorsque l’on réalise que le corps humain est le plus précieux des cadeaux que nous avons reçu ?